Lettre ouverte à MM. Le Guen, Montebourg, et Todd

MM. Le Guen, Montebourg, Todd,

 

Je vous écris suite aux propos que vous avez tenu au début de ce mois, à propos de l’Allemagne. Respectivement, vous avez comparé M. Sarkozy à “Dalladier à Munich”, avez parlé d’une “politique à la Bismarck”, voire de “l’ivresse de puissance”. En tant qu’européen d’idées et de faits, et en tant qu’humaniste, vous me forcez à sortir de ma réserve.

Si vous cherchez à me cartographier d’un point de vue politique, effectivement je suis un sympathisant UMP. Mais messieurs, cela n’est pas pertinent ici. J’ai une haute idée de la chose politique. C’est pour moi par là que passe le progrès, et par là que beaucoup de possibles sont créés. Et messieurs je me réjouis de pouvoir vous écouter. Certes nous ne sommes pas d’accord sur beaucoup de choses, mais je ne prétends pas détenir la vérité universelle. Comme le disait St-Exupéry, “si tu diffères de moi, loin de me léser, mon frère, tu m’enrichis”. La politique commence par un échange d’idées. Vous me direz que je suis idéaliste – en vérité je le revendique.

Mais messieurs par vos propos vous êtes allés trop loin. Peut-être vos mots ont-ils dépassé vos pensées, peut-être était-ce réfléchis. Je ne vais pas chercher à faire des suppositions sur ce point. Au niveau auquel vous évoluez, et vue l’audience à laquelle vous avez accès, quelles qu’en soient les causes, de tels mots ne sont pas acceptables. Pourquoi?

Messieurs, si je regarde l’histoire de ces 150 dernières années, je vois que la France et l’Allemagne ont été en guerre trois fois. Je vois que ceci a détruit notre continent trois fois. Et que certaines des pires atrocités qu’a connu l’humanité ont trouvé leur origine dans ces conflits. A la fin des guerres de 70 et 14, les germes de la suivante existaient dans le ressentiment résiduel.
Les relations que nous entretenons avec l’Allemagne depuis la fin de la Guerre sont quelque chose que nous devons chérir par dessus tout. Le temps passant, la reconstruction se faisant, nous avons laissé ce ressentiment de côté. Mais messieurs, on ne met pas fin à un cycle plusieurs fois centenaire en 60 ans, et la paix n’est pas automatique.

Messieurs, je dois aussi vous dire que je suis un métis. Je suis en partie d’origine allemande, en partie d’origine française. Aussi la xénophobie anti-allemande, j’ai à ma disposition de nombreuses histoires de famille pour l’illustrer. Actuellement, le métissage n’est plus une tare. S’il vous plaît, ne faîtes pas en sorte que par des propos visant à exciter les esprit, vous ne défaisiez de progrès.

Messieurs, s’il y a une constante dans les crises passées, c’est que pour ne pas s’en sortir il faut se désunir. Les temps nous mettent face à une adversité avec peu de précédents. Soyons tous à la hauteur de ces épreuves. Pas en cherchant à être d’accord sur tout, mais en faisant de la politique avec respect, maîtrise, et en regardant l’avenir.

Messieurs, j’en ai fini avec cette lettre. Demain vous figurerez toujours dans les personnes écoutées de ce pays, et je serai toujours dans la majorité silencieuse. Mais si d’aventure vous passiez ici, et si vous lisiez ceci, j’espère que vous réaliserez à quel point ce type de sorties n’est pas acceptable.

Dans le cas contraire, et parce que je serai fidèle à mes idéaux humanistes, vous trouverez en moi un farouche opposant.

Sincères salutations,
André Rudolf Benoit

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